Dans le clocher de l’église se cache un patrimoine à découvrir : une horloge Odobey, fabriquée à Morez et deux cloches qui vont prochainement fêter leur 200ième anniversaire !

Historique

L’origine de la synchronisation de la vie sociale par la mesure du temps remonte à l’antiquité. C’est au Moyen Âge, qu’apparaissent les cloches dans les clochers, probablement aux Ve et VIe siècles, pour sonner « les heures », qui dé- signaient à l’époque les prières et offices des monastères et autres églises. Le reste de la vie sociale est alors ajusté sur ces sonneries des heures dites canoniales. On disait par exemple commencer le travail un peu avant prime, ou rentrer pour les vêpres.

L’étape suivante a consisté à multiplier le nombre de cloches et le nombre de sonneries pour indiquer d’autre évènements : convoquer un conseil, rassembler les habitants, proclamer les jugements ou les avis, ouvrir ou fermer des portes de la ville, commencer le marché de gros, commencer le marché pour les particuliers, etc. Les cloches ne servaient donc plus seulement à signaler les offices religieux, mais tout autre évènement du bourg à la fois religieux et civil. Chaque sonnerie pouvant durer 1/4h ou 1/2h.

une journée ordinaire dans les villes comportait facilement 2 à 3 heures de sonneries diverses et variées.

C’est dans ce contexte de multiplication des signaux horaires que se déploient les premières horloges mécaniques vers 1270 - 1320.

La particularité de l'horloge des Hôpitaux-Neufs

Une fabrique morézienne

Louis-Delphin Odobey [1827 - 1906] né le 15 août 1827, à Foncine- le-Haut (Jura) est le fils de Jean Alexis Odobey [1789 -], cultivateur et horloger.

Le cours d’eau de la Saine, à Foncine, n’offre pas un débit et une régularité suffisants pour l’industrie horlogère. Alors, en 1852, Louis-Delphin part s’installer à Morez et y établit, en 1858, une fa- brique d’horloges d’édifice sous le nom «Odobey Cadet».

La société est ensuite reprise par trois de ses fils, Émile, Jules et Al- bert. Ce dernier reste seul avant de la céder à son tour à son fils Georges qui devra arrêter l’entre- prise en 1964.
Les horloges Odobey sont installées dans toute la France. Avec les fabriques Prost (Paget), Cretin-L’Ange et Bailly-Comte, nous avons là l’essentiel de la production morézienne d’horloges d’édifice. Ces horloges sont technique- ment remarquables du point de vue de leur conception et de leur exécution.

À la fin du XIXe siècle et au début du XXe , l’entreprise se développe de façon considérable. Au total, sur plus d’un siècle de fonctionnement, environ 5 000 horloges seraient sorties de ses ateliers.
Par rapport aux autres fabricants moréziens, les deux maisons Odobey se caractérisent par des moyens de production industriels associés à une quasi-standardisation des modèles.

Les horloges Odobey sont typiques des horloges moréziennes horizontales avec un mouvement triangulaire.

La même conception de base est déclinée en de multiples variantes : horloges à 30 heures ou à 8 jours, mouvement seul ou à sonnerie, sonnerie des heures avec ou sans répétition, sonnerie des demies, des quarts, avant-quarts, avec ou sans coups avertisseurs d’heures ou autre, échappement à force constante, balancier compensé ou non, et quelques horloges plus exotiques sonnant par exemple les heures sur certaines cloches et la répétition sur d’autres cloches, etc.

Spécificités

L’horloge du clocher des Hôpitaux-Neufs est une Louis Delphin Odobey Cadet. Elle sonne les heures (d’un à douze coups), les quarts d’heure (¼ ; ½ ; ¾ ; 4e quart juste avant la sonnerie des heures). Le système de sonnerie est du type râteau. Le mouvement, qui fait tourner les aiguilles, est lui pourvu d’un remontoir d’égalité. Le remontoir d’égalité est un système qui permet de compenser les variations de couple induit par la rotation des aiguilles, sur les faces du clocher. Cet élément est généralement installé sur des instruments horaires de qualité.
En effet lorsque l’aiguille va tourner entre 30 minutes et 60 minutes, la gravité va attirer l’aiguille vers le sol. Le mouvement va de- voir lutter contre cette force. Au contraire lorsque l’aiguille va des- cendre, entre 60 et 30 minutes, la gravité va tirer l’aiguille vers le bas et ainsi faciliter la rotation du mouvement. Ces effets induiront des variations dans la précision horaire de l’horloge. Le remontoir d’égalité permettra de supprimer ces effets.

Fonctionnement

Vincent Poivrel, horloger habitant au village, s’est intéressé à cette horloge. Il a constaté qu’elle s’arrêtait régulièrement À chaque arrêt le poids du mouvement était posé au sol et donc ne transmettait plus de force motrice pour animer le balancier. Le problème venait d’une perte d’énergie dans le rouage de sonnerie des quarts et plus précisément d’une des poulies.

Ces poulies ont certainement été installées entre 1900 et 1920. À cette époque les roulements à bille, rouleaux ou aiguilles que nous connaissons actuellement n’existaient pas. Mais nos aïeux ne manquaient pas d’idées... Le pivotement des poulies est constitué d’un axe entouré de goupilles en acier, le tout placé au centre de la poulie.
Ce système ingénieux aurait pu fonctionner des années encore avec une lubrification régulière. Mais la difficulté d’accès et le plan- cher peu engageant ont certaine- ment eu raison de cet entretien. De ce fait, l’axe central du dispositif s’est usé et n’a plus permis une rotation libre et sans à-coup de cette poulie. Il ne faut pas oublier que ces poulies subissent une charge d’environ 100kg sans interruption. Pour une question d’entretien et de qualité de fonctionnement, il a intégré des cages à aiguilles en lieu et place de ces vieux pivotements, nettoyé et graissé les rouages et fabriqué de nombreuses pièces usées. 

Les cloches

Elles sont au nombre de deux, solidement arrimées dans la charpente du clocher. L’une sonne les heures et l’autre les quarts d’heures. Elles sont également sollicitées lors de sonneries liturgiques ou pour d’autres circonstances comme, le mariage, les obsèques.

Nous les entendons tous les jours à 7h30, 12h et 19h, c’est l’Angélus.

L’Angélus est une prière de dévotion en l’honneur de l’Incarnation de Jésus que l’on récite matin, midi et soir, au son de la « cloche de l’Angélus » qui se sonne par trois séries de trois tintements suivis d’une « pleine volée ». Les tintements correspondent au début du Versicule, du Répons et de l’Ave Maria. La Prière de l’Angélus est née au XIVème siècle, mais on récitait alors la prière du soir seulement. Puis au XVème on lui ajouta la prière du matin en l’honneur de la Résurrection, et au XVIème siècle la prière du midi en souvenir de la Passion.

Les deux cloches sont porteuses d’inscriptions apposées au moment de la fonte de la cloche

Destinée à appeler les fidèles devant les autels du Très Haut On me nomma Laurent Marie Catherine Susanne. Je fus bénite par Mr Louvrier Curé aux Hôpitaux Mon parrain fut Mr Laurent Maire Curé à Rochejean et ma marraine Delle Marie Catherine Susanne Paquette
Faite à Pontarlier par Bole à Borel et CE
L’an de Grâce 1825

Je fus Bénite par Mr Maire Prètre Professeur au Séminaire Dornanis. Mon parrain fut Mr Célestin Louvrier curé des Hôpitaux et ma marraine Dame Alexis Bonlour épouse de Sr CL Alex Robbe des Hôpitaux-Vieux. Mrs PHpe & Atha Cannelle Maires EM Paquette & Fres Robbe Adjoints
Faite à Pontarlier par Bole à Borel et CE
L’an de Grâce 1821

200 ans, une belle occasion de faire sonner les cloches à la volée !